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Les médias à sensation.

Publié le

  • Des débuts jusqu'aujourd'hui:


Les médias a sensation ont les mêmes origines que les autres. En effet, au début du XVIIe siècle lors de la création de "La Gazette" de Théophraste Renaudot, les faits divers et histoires extraordinaires faisaient déjà leur effet sur chacun, bien que celles ci étaient souvent inventées. Depuis la nuit des temps, les sujets à sensations passionnent les gens et par "sujets à sensations" nous entendons principalement les "3S" à savoir Sang, Scandale et Sexe. De nos jours, les médias a sensations rencontrent toujours un franc succès (alors même que nous savons qu'ils peuvent être construits de toute pièce.) L'univers de la presse semble d'ailleurs parfois dépassé par cet engouement souvent composé de faux témoignages par exemple.

  • Que recherche le "spectateur" ?:

-Du spectacle.
Tout d'abord, si nous utilisons le mot "spectateur" c'est parce que cette forme de médias, tournée vers l'émotionnel et la mise en scène, a tendance à basculer dans la "société du spectacle" dont nous serions spectateurs.
Ce que nous recherchons à travers cette forme de médias est le choc, nous voulons bousculer notre quotidien au travers des images extraordinaires et d'évasion.
Nous sommes également en quête d'anormalité afin de nous procurer une puissante fascination au travers de l'interdit, de l'irrationnel, des sujets tabou.. Cela nous donne l'illusion d'exister. Les médias a sensations nous vendent du fantasme, du rêve à travers des titres spectaculaires ou intriguants.

-De la peur.
Terrorisme, catastrophes naturelles, épidémies, tueurs en série ..., les citoyens ont peur, et les médias s’en servent. Ce principe porte le nom de "Marketing de la peur". Encore une fois nous sommes à la recherche de sujets que nous ne pouvons pas aborder ou exécuter dans la vie réelle par exemple comme la mort ou la violence.
Renforcement des craintes, poussées de paranoïa, histoires de viols, de meurtres, de contaminations sont détaillées, amplifiées, et cette redondance médiatique exerce une sorte de culture de l’effroi et de la perversité sur notre société.
La peur et le sensationnel sont sur toutes les chaînes, les « unes » et les ondes, tant pour informer, dénoncer, réprimer, que pour dévoiler ou racoler. Citons par exemple des épidémies comme la grippe A ou la grippe Aviaire dont les médias se nourrissaient pour effrayer les lecteurs en choisissant les titres les plus alarmistes possible.

-Du voyeurisme.
Exhibitionnisme, « autothérapie », volonté de témoigner ..., des milliers de personnes, anonymes ou non, se bousculent chaque année sur les plateaux de télévision ou dans les pages des magazines, pour défendre un choix de vie, faire une confession ou partager une expérience qui touche au secret, voire au tabou.
Les "people" devoilant une part de leur intimité franchissent parfois des limites et vont même jusqu'à transformer leur vie privée et intime en marchandise. A travers cela, beaucoup se voient devenir des "stars".
Dominique Melh, chercheuse au Centre d’étude des mouvements sociaux, distingue quatre catégories d’individus : ceux qui profitent des médias dans le but de faire passer un message, ceux pour qui l’exposition médiatique tient lieu de « thérapie cathartique », ceux qui sont le porte-parole d’une communauté, d’une association (...) et enfin ceux qui désirent livrer leur propre expérience et défendre leur point de vue. Ces nouveaux adeptes des médias n’ont ni les mêmes buts, ni les mêmes besoins. Et pourtant, ils apparaissent sur des magazines similaires, racontent des anecdotes semblables, et exhibent leur intimité de manière identique.
Nous avons pu constater qu'une image "choc" pouvait doubler les ventes.
Sans même se considérer comme des "voyeuristes", nous sommes tous au courant de l'affaire DSK ou bien Ribéry/Zahia qui, à première vue, ne concerne qu'eux.

  • Le sensationnel dans la presse... mais jusqu'où irons nous ?

A force, nous sommes blasés par ces images et histoires sensationnelles. Les bornes étant déjà franchies, nous nous demandons alors si des limites subsistent..
Les journalistes ne seraient pas les seuls fautifs mais subiraient l’une des perversions de l’Homme : le voyeurisme. La contrainte financière et l’aspect commercial de l’information sont indéniables. L’information est devenue un produit de consommation courante.
Parfois, le profit passe avant l’éthique. Ainsi, de multiples exemples nous montrent l’influence qu’exerce la société de consommation sur les médias. Les journalistes ont le pouvoir de se taire sur des sujets et le pouvoir d’en maltraiter d’autres. Le corps médiatique subit les contraintes de la société de consommation qui l’amène à développer une presse à la recherche de profit. Omniprésent, le sensationnel est un produit de consommation, qui fonctionne, se donne à voir, se vend et se fait vendre. Ce besoin d’évasion, de sensations fortes et de voyeurisme latent, fait partie intégrante de l’homme. Ces médias se servent de ce créneau porteur, trop souvent à des fins commerciales. Cependant il y a un risque fort d’érosion de la crédibilité car, si le sensationnel semble être le thème vendeur par excellence, il conserve également une image racoleuse, peu crédible et négative pour les magazines. L’autre danger semble être l’abandon de toutes limites quant à ce commerce du scandale et du sensationnel.

L’élément clé du succès "déroutant" de cette presse à sensation pourrait bien la conduire à sa propre perte.

Si l’exhibitionniste existe, c’est bien parce que le voyeur regarde.

Michel Maffesoli

Exemple de presse a sensation. Magazine CLOSER.

Exemple de presse a sensation. Magazine CLOSER.

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